[Ecogreen Afrik, 13 juin 2022] Face à la recrudescence des accidents mortels dus, selon l’organisation à but non lucratif Forêts et Développement rural (Foder), aux noyades (56%) et aux éboulements de terrain (26%), des jeunes de la localité aurifère de Bétaré-Oya, dans la région de l’Est, ont décidé de lancer une campagne de fermeture des trous miniers laissés ouverts par des exploitants miniers véreux. « Nous avons entrepris de refermer ces excavations depuis quatre mois. A ce jour, nous en avons refermé une dizaine sur 727 recensés avant de lancer nos activités », explique Carmelo Febadi, le leader de ce collectif de cinq jeunes de l’arrondissement de Bétaré-Oya.
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La technique utilisée est originale. « Elle consiste, aux moyens des motopompes, de quelques pelles et de pioches, à laver en sens inverse les grabats abandonnés par les exploitants miniers aux bords des trous. L’eau de lavage emporte avec elle le sable et cailloux qui finissent par reboucher les trous », poursuit-il. « Ce processus permet de recueillir quelques poudres d’or dont le produit de la vente finance quelques-unes de nos activités », précise le leader celui qui revendique « une très bonne connaissance du paysage minier de l’Est Cameroun et une longue expérience dans l’accompagnement des communautés ». Pour le fonctionnement du bureau du groupe, M. Ferbadi indique que « nous complétons ces recettes par des contributions mensuelles de 5 000 FCFA par membre ».

J’ai perdu plusieurs de mes frères et sœurs dans ces trous. Je ne parviens plus à continuer mes études parce que mon oncle, qui me soutenait depuis le décès de mon père, est également mort noyé dans l’un de ces trous. C’est pourquoi j’ai adhéré au collectif des jeunes afin non seulement d’apporter ma part de contribution à la réhabilitation des sites mes aussi d’aider mes autres petits-frères à ne pas décrocher les études.
Déperdition scolaire
Outre les questions liées aux multiples décès dans les trous miniers, le collectif des jeunes de Bétaré-Oya a été créé « pour lutter contre la déperdition scolaire observée en zone minière ». « La restauration des sites miniers nous permet de faire face au manque de ressources financières qui obstruait le projet de collecte des données sur les causes de la déperdition scolaire », explique Carmélo Ferbadi.
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Pour continuer de refermer les trous miniers et de mener cette collecte des données, le collectif multiplie les contacts avec certaines structures d’Etat, notamment « le ministère des Mines et la Société nationale des mines (Sonamines) ».

Nous allons nous débrouiller par nos propres moyens pour apporter une solution aux deux problèmes créés par l’exploitation minière à savoir les trous béants et la déperdition scolaire. Nous comptons d’abord sur nous-mêmes mais nous n’allons pas refuser tout appui externe.
En attendant les réactions de ces potentiels partenaires, et sa transformation en association légalisée, le collectif peut compter sur l’appui-conseil du sous-préfet. Mais aussi sur « l’aide du maire qui met régulièrement à notre disposition les motos pour la collecte des données sur la déperdition scolaire dans les 83 villages que compte l’arrondissement de Bétaré-Oya ».
Bernard Bangda