Monsieur le directeur général, vous venez d’être porté à la tête de la Cameroon Water Utilities Corporation (Camwater). Quelle est votre vision pour ce nouveau challenge ?
Je vous remercie pour cet entretien. En plus de la production et de la distribution de l’eau potable au Cameroun, nous nous occupons de sa commercialisation. Et les problèmes commencent à ce niveau. En effet, nous constatons qu’il y a un refus d’accéder à la finalité de la démarche. Porter l’eau pour qu’elle soit vendue mais aussi qu’elle permette au système de se régénérer.
A propos de la vision dont vous parlez, il ne s’agit pas de la nôtre mais de celle du chef de l’Etat, de son projet de campagne déroulé lors de la dernière élection présidentielle. Ce projet est retranscrit dans le document de stratégie nationale de développement 2030 (SND30) répercuté dans chacune des feuilles de route ministérielles. Nous sommes dans l’arrimage de la feuille de route de notre sous-secteur et nous faisons en sorte que notre vision soit cohérente et convergente à cette approche gouvernementale.
Le programme quinquennal d’investissement est une feuille de route stratégique parce qu’elle est autorisée par le conseil d’administration. Elle est opérationnelle parce que nous la voulons pour qu’elle porte les actions allant dans le sens de satisfaire à la vision du chef de l’Etat portant sur les grandes opportunités. Elle traduit dans les faits ces grandes opportunités dans le sous-secteur de l’eau par la modernisation du secteur public de l’eau, sa digitalisation pour maitriser ce secteur qui devient de plus en plus étendu, beaucoup exigeant, pour pouvoir monitorer tout notre système de production, de distribution et de commercialisation.
Naturellement, pour que tout ceci soit possible, nous allons réhabiliter et construire de nouveaux centres de production. Nous avons à réaliser l’extension du réseau et à la moderniser. Nous avons à travailler à la réduction des pertes techniques et non techniques, volontaires, humaines, les cas de vandalisme sur notre réseau, les vols de compteurs, les cas de fraudes. Nous devons travailler à les maitriser. Naturellement, nous devons faire en sorte que les ressources à collecter viennent en appui aux fonds que le gouvernement met à notre disposition pour que l’eau potable soit accessible à un nombre plus élevé de population. Actuellement, nous sommes à 45% de réalisation de nos objectifs. Nous visons 80% de taux de satisfaction de ces objectifs.
Vous avez parlé du plan quinquennal mais le conseil d’administration a également adopté le programme prioritaire d’investissement estimé à 988 milliards de FCFA. Quelles sont les différentes priorités de ce plan d’investissement ?
J’en ai évoqué quelques-unes plus haut. Il s’agit de travailler à la réhabilitation et au renforcement du système de production. A l’extension et à la modernisation du réseau par un système d’information géographique.
En amont, nous devons élaborer des outils managériaux, notamment ceux technologiques. Avoir une URB, une application qui nous permet d’améliorer notre façon de manager avec l’ensemble du personnel de Camwater, le système administration et technique pour que l’eau potable soit disponible. En plus, nous pouvons devoir avoir le contrôle sur les centres de production, les centres de stockage, les réseaux, le dispositif de facturation, le dispositif de collecte des recettes et le dispositif de suivi-évaluation.
Pour tout cela, nous devons rester cohérents et convergents à la vision. Nous devons développer tous les outils et méthodes qui permettent de nous arrimer à la nouvelle donne internationale. Naturellement, lorsqu’on évoque cette nouvelle donne, il est question de la certification pour que nous soyons sûrs que notre processus, notre système, nos compétences et les livrables, c’est-à-dire l’eau potable, sont de qualité. Qu’ils nous permettent d’atteindre la performance et la qualité attendues. Mais surtout la satisfaction-client.

Les populations font le constat de vols de compteurs dans certaines localités. Qu’en est-il exactement surtout au moment où certains personnels de Camwater sont soupçonnés d’être de connivence avec des riverains pour commercialiser ces compteurs ?
Il ne s’agit pas de tout ramener à la culpabilité présumée de nos collaborateurs. Nous avons dit que l’un des enjeux de ce que nous faisons, et nous communiquons plus aujourd’hui, non pas pour faire le marketing propre de Camwater, mais pour informer et pouvoir recueillir la perception des populations sur ce que nous faisons. Mais aussi recueillir les renseignements.
Parlant du vol des compteurs d’eau, il s’agit d’abord de voleurs parce que, lorsqu’on parle de vol, on les évoque. Qu’ils soient internes ou externes, ils devront être adressés de la même façon. Nous parlons aussi de fraude. De fraude sur le réseau. De fraude sur les équipements parce qu’il y en a qui manipulent les compteurs de toutes autres manières par lesquelles les populations qui consomment l’eau échappent à la facturation pour manifester leur citoyenneté envers le service public de l’eau. Cette citoyenneté consiste à bien utiliser les équipements mis à leur disposition mais aussi à payer les factures de consommation.
Nous avons mis en branle un mécanisme important de lutte contre le vandalisme, des cas de vol d’équipements, le détournement d’équipements, les cas de fraude. Il y a dans le domaine ce qu’on appelle le règlement de service qui est une sorte d’instrument qui régit la relation entre Camwater et ses clients. Mais au-dessus de cet instrument, il y a la loi, notamment la loi pénale. Nous pensons que la situation a atteint la cote d’alerte telle qu’elle devrait être adressée nécessairement par la justice.
Voyez-vous, dans la seule agglomération de Yaoundé, en moins de deux mois, nous avons pu identifier avec procès-verbaux, photographies et vidéos entre 400 et 500 fraudeurs. Ceux-ci seront mis à la disposition de la justice. En toit cas, nous porterons plainte contre eux pour que la lumière soit faite là-dessus. Parce que la fraude, le vandalisme et différentes autres méthodes pour échapper au paiement de l’eau ou bien pour faire en sorte que le système de production, de distribution et de commercialisation soit entaché de difficultés sont à même de mettre en difficulté la politique publique de l’eau telle qu’édictée par le président de la République.
Lors de votre prise de fonction, vous avez promis de garantir une fourniture d’eau en qualité et de réduire les lenteurs administratives. Quels sont les moyens par lesquels vous comptez résoudre ce problème ?
La situation est en pleine maitrise. Mais il ne s’agit pas seulement de produire beaucoup de travail. Il faut mettre un accent sur les principes et valeurs, sur l’éthique organisationnelle, sur la recherche de la performance, sur l’alignement sur les visions indiquées au plan interne de Camwater par le conseil d’administration.
Toute cette embellie que vous constatez découle de ce que nous sommes accompagnés par le gouvernement, notamment par nos deux tutelles et la haute hiérarchie. Celle-ci nous a décliné une feuille de route claire. C’est tout un programme que nous déroulons, que nous suivons. En plus de cette feuille de route, malgré la rareté des ressources,
Le gouvernement continue d’injecter progressivement, à la capacité de ses moyens du moment, des ressources nécessaires à ce que nous puissions satisfaire aux besoins du service public de l’eau. Nous ne manquerons non plus de remercier profondément Son Excellence Paul Biya, président de la République et chef de l’Etat, pour avoir su manifester sa volonté de porter à la tête d’une entreprise aussi délicate un jeune. Un jeune qui vient de loin. Nous voulons, en toute humilité, dire notre gratitude au père de la nation.
Source : CRTV News