[Ecogreen Afrik, 18 juillet 2022] A Gadji, village situé à 45 km de Batouri, chef-lieu du département de la Kadéy, région de l’Est, les producteurs déclarent un stock de 1 450 tonnes de manioc en attente d’achat. Cette quantité de manioc représente la production de 2021 et d’une partie de 2022 des 26 membres de l’antenne locale de la coopérative des producteurs de manioc de Batouri, une entité créée en 2014 par la commune éponyme pour booster la culture de cette spéculation. Selon les membres de cette coopérative, en vendant le sac de 50 kg de cossets sur place à seulement 5 000 FCFA, l’entité aurait une recette de 150 millions de FCFA. De quoi subvenir aux besoins de tous les membres et de constituer un fonds d’investissement à même de supporter leur plan de développement.
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Sur les raisons de cette mévente, les membres de cette coopérative arguent que « nous n’avons pas eu la clientèle espérée ». En effet, selon le secrétaire de cette structure, « à la demande d’une potentielle clientèle composée de boulangers et d’entreprises de fabrication des produits alimentaires et brassicoles, nous nous sommes lancés dans des exploitations agricoles sur de vastes étendues ». Surtout que les terres de Gadji sont productives. « En effet, indique notre interlocuteur, sur un hectare, on peut produire jusqu’à 25 tonnes de manioc selon la variété. En 2021, environ 33 hectares ont été mis en valeur par l’ensemble des membres de la coopérative. Ce qui donne une production estimée à environ 825 tonnes. En 2022, environ 25 hectares ont été cultivés pendant la première campagne pour 625 tonnes attendues. En ce moment, les producteurs se mobilisent pour la deuxième campagne ».

Selon le chef du village Gadji, Joseph Massa, « nous cultivons le manioc ici de père en fils depuis la création de notre village en 1916 ». Jadis exercée de façon rudimentaire, la culture du manioc se modernise avec le coup de pouce de la coopérative des producteurs de manioc de Batouri qui a offert deux tracteurs à son antenne de Gadji. Cela ne résout pour autant pas les sempiternels problèmes (absence d’un marché sûr, coûts élevés du défrichage, labour, désherbage, transport (certains champs sont à plus de 2 km de Gadji) et conflits agropastoraux) auxquels sont confrontés les producteurs au quotidien.
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Pour rappel, au Cameroun, le manioc est particulièrement cultivé dans la zone agro-écologique de forêt humide, notamment dans les régions du Centre, du Sud, de l’Est et de l’Ouest. On estime sa production annuelle dans ce pays d’Afrique centrale à 4,5 millions de tonnes pour 21 500 hectares. Soit moins du tiers de la production annuelle de la République démocratique du Congo (RDC), évaluée à environ 15 millions de tonnes. Ce pays, premier producteur de manioc en Afrique devant le Nigeria, occupe le 3e rang mondial.
Bernard Bangda