[Ecogreen Afrik, 5 juillet 2022] Sur le site minier de Botait/Ndem, par Batouri à l’Est du Cameroun, l’utilisation du mercure et d’autres substances chimiques par les sociétés chinoises Wang, Mencheng 4 et You Mining pour effectuer les lavages de l’or a fini par détruire la rivière Mbil. L’information est révélée par l’organisation à but non lucratif Forêts et Développement rural (Foder) dans un post effectué le 4 juillet 2022 sur sa page LinkedIn.
Selon Foder, qui rapporte les constats des riverains, « la rivière Mbil est complètement morte ». Cette organisation, qui mène des programmes de promotion de la gouvernance minière dans les régions minières de l’Adamoua et de l’Est du pays, explique que « les eaux ainsi contaminées au mercure et à d’autres substances chimiques ont contribué à la destruction et à la dévitalisation progressive et complète de la rivière Mbil ».
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Conséquence, les populations ne peuvent plus se nourrir du poisson qui abondait dans ces eaux. Et pour cause, les espèces aquatiques qui faisaient jadis la renommée de cette rivière ont disparu. Celles qui résistent ont subi des transformations génétiques et naissent avec des formes inhabituelles. « Il arrive que nous pêchions des poissons qui présentent des blessures ou des cicatrices sur leur corps. Ceux qui insistent pour les consommer attrapent des maladies diarrhéiques », indiquent des riverains.
Désastre environnemental
Par ailleurs, du fait de l’utilisation du mercure et des substances chimiques dangereuses lors des lavages d’or, les animaux qui continuent de boire de cette eau désormais infectée périssent. Les propriétaires de ces bœufs et chèvres ne peuvent donc plus compter sur les recettes de vente de leurs troupeaux pour subvenir aux besoins de leurs familles. Dans le lit de la rivière Mbil et tout autour, tous les arbres sont asséchés.
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Les alertes données par les riverains et les organisations de la société civile depuis des années n’ont pas empêché que ce « désastre environnemental » se perpétue. En effet, rapporte Foder, « les entreprises chinoises citées plus haut continuent en toute tranquillité d’effectuer les lavages du gravier à l’aide du mercure se poursuit dans les cours d’eau du bassin versant ». Contraignant ainsi les éleveurs et les pêcheurs à aller pêcher du poisson et abreuver leurs troupeaux à Dira, un village situé à plus de 3 km de Botait.

Pour rappel, ce n’est pas la première que l’on signale la pollution des eaux au mercure par les entreprises chinoises dans les sites miniers des régions aurifères de l’Adamaoua et de l’Est. Ce fut le cas déjà dans le rapport d’une mission du Cadre d’appui à la promotion de l’artisanat minier (Capam), l’ancêtre de la Société nationale des mines (Sonamines), d’avril 2016. « Nos agents sont complices des lavages non contrôlés, surtout nocturnes, au mercure pour accroître les productions », pouvait-on lire dans ce document dont Ecogreen Afrik avait pu obtenir copie. Au-delà de l’utilisation du mercure sur laquelle les agents du Capam fermaient volontairement les yeux, le rapport expliquait que « les productions réelles n’étaient jamais déclarées ». Toutes choses qui faisaient perdre environ un milliard de FCFA au Trésor public camerounais.
Bernard Bangda