[Ecogreen Afrik, 21 août 2022] Le Complexe industriel intégré de transformation du bois de Lomié (Ciblo) s’apprête à transformer 150 000 m3 de bois par au cours de ces premières années de fonctionnement. L’information est révélée par le maire de la commune de Lomié, Gérard Lomié, au cours de la mission interministérielle d’évaluation que conduisait le secrétaire d’Etat auprès du ministre des Mines, de l’Industrie et du Développement technologique (Minmidt), Fuh Calistus Gentry, du 18 au 19 août 2022 dans cette localité forestière de la région de l’Est du Cameroun. Selon le maire, le Ciblo va également générer au moins 3 000 emplois directs. Ces emplois directs seront générés par les plus de 300 petites et moyennes entreprises (PME), dont les effectifs varient entre 5 et 30 employés, et qui vont s’installer sur le site mis à leur disposition par le projet qui entend limiter les importations de meubles en bois estimés, rien que pour la commande publique, à environ 22 milliards de FCFA par an. Pour la plupart, elles étaient d’ailleurs présentes à Lomié ces 18 et 19 août 2022.
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Selon Gérard Lomié, promoteur de ce projet, « le Ciblo va fédérer 152 forêts communautaires et 02 forêts communales d’une superficie de plus de 608 000 hectares recensés sur l’ensemble des huit communes riveraines. Pour le moment, la déclaration d’utilité publique (DUP) attribuée est de 53 ha. Nous allons l’étendre bientôt à 400 ha ». En plus des 2 forêts communales acquises, l’Etat va faciliter la création d’une dizaine de forêts communales appartement à d’autres communes . « Ciblo va permettre aux artisans et menuisiers locaux d’avoir un bois légal séché leur permettant de raccourcir leurs délais de livraison par des produits de qualité afin de limiter l’importation des meubles en provenance des pays asiatiques », explique-t-il. Le maire indique que « Ciblo pourra aussi accueillir des bois venant du Congo et de Centrafrique, l’arrêt des exportations des bois en grumes pour les pays du bassin du Congo étant prévu pour l’année 2023 en plus de ce que le bois sera prélevé dans toutes les communes forestières de l’Est ».

Pour justifier ce projet, le maire de Lomié a indiqué que « c’est une réponse aux observations faites par des opérateurs du secteur bois qui nous nous faisaient savoir qu’ils ne s’installaient pas chez nous parce que Lomié n’a ni bonnes routes ni énergie électrique. Nous sommes donc en train de relever ce défi avec l’appui et l’accompagnement du gouvernement. » Pour autant, le projet prévoit que « le client pourra suivre sa commande jusqu’à la livraison sans avoir à bouger de chez lui, rien qu’à partir de son Smartphone ».
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Au plan financier, le projet bénéficie d’un partenariat public-privé (PPP) que la commune de Lomié a ficelé avec Naaz Trading Cameroon (NTC), filiale de Naaz Trading DMC, dont le siège est à Dubaï et qui, entre autres activités, fait dans les mines, l’agro-industrie et la transformation intégrale du bois. NTC a déjà investi près de 3 milliards de FCFA en 2022. « Ces fonds ont servi pour la construction d’une ligne de première transformation, une unité de séchage de grande capacité et une unité de fabrication de panneaux en bois massifs reconstitués », soutient le maire. Qui annonce pour « le début de l’année 2023 » le lancement des activités du Ciblo.
Bernard Bangda, de retour de Lomié
Gérard Lomié, maire de Lomié : « Lomié sera la capitale économique sous-régionale du bois »

« Ciblo est une zone économique de près de 55 000 ha dans laquelle pourront s’installer plusieurs entreprises qui exploitent le bois de la première à la troisième transformation sur place à Lomié.
Ce qui va permettre la création d’emplois, des produits de qualité et l’augmentation du prélèvement des essences dans les forêts communautaires et communales environnantes. Ceci va améliorer la qualité du panier de la ménagère des populations rurales qui ont des forêts sans en ressentir les effets immédiats.
A ce jour, nous avons un opérateur économique qui est à 60% de la construction d’une ligne de première transformation et de l’installation des séchoirs. Nous sommes en train de nous ouvrir aux PME qui viendront se greffer au projet pour la transformation d’autres produits dérivés.
Outre l’amélioration des conditions de vie des populations de Lomié, nous souhaitons faire de notre ville la capitale économique du bois.
Le modèle de financement est celui d’un partenariat public-privé (PPP), la commune apportant la matière première et l’espace qui a été mis en location, et l’opérateur, les fonds. Avec les machines installées, nous sommes déjà à deux milliards de FCFA d’investis par le partenaire financier qui a déjà injecté un milliard pour les engins. Cependant, le projet ne se limite pas seulement au bois. Il faut intégrer le projet de bitumage de la route Abong-Mbang-Lomié, longue de 126 km, dont les travaux sont évalués à 166 milliards de FCFA, ainsi que la fourniture en énergie électrique. Nous la souhaitons stable et à coût réduit afin que les entreprises et les populations adhèrent au projet. »
Fuh Calistus Gentry, secrétaire d’Etat au Minmidt : « Les autres communes du pays doivent suivre l’exemple de Lomié »

« Nous sommes venus encourager le projet Ciblo et nous trouvons qu’il est en bonne voie. Ce qui nous convainc dans l’idée que, sans transformation, l’industrie ne peut jamais décoller au Cameroun. Cela est d’autant vrai que la transformation crée plus de richesses et d’emplois. Elle est donc un outil de lutte contre la pauvreté que prône le chef de l’Etat.
Le projet Ciblo a toutes les composantes et la plupart des administrations sectorielles y sont représentées.
Notre visite tend à rassurer le maire et à l’encourager parce que son initiative est louable et très appréciée par le gouvernement de la République. C’est un exemple que toutes les communes du Cameroun doivent suivre, chacune en mettant en exergue ses spécificités locales.
Après évaluation, nous pensons que toutes les administrations vont rectifier le tir et mettre en œuvre les recommandations qui ont été émises au cours de la réunion que nous venons de présider. Cette démarche que nous leur conseillons va faciliter la mise à jour de tous les secteurs pour la bonne avancée du projet. »
Jean Claude Dongmo Tanda, 2ème vice-président Interprofession filière bois : « L’interprofession soutient ce projet »

« Le bois est la ressource naturelle la plus facile à transformer contrairement aux idées reçues. Croyez-moi, chacun d’entre nous ici, avec ou sans formation spécifique, peut créer une entreprise dans le secteur du bois. Celui-ci n’est pas uniquement réservé aux menuisiers. Chacun peut y investir et tirer profit de son activité.
Nous pensons alors que Lomié peut devenir le point de départ des exportations des produits finis au Cameroun. L’idée du maire est géniale, celle de faire de Lomié un pôle d’excellence économique du bois à partir de rien. Il prouve par là que, même dans des conditions difficiles, l’on peut générer de » la richesse et de l’emploi. Le Ciblo démontre que la ville n’est faite que pour consommer, l’arrière-pays devant se réserver l’exclusivité de la production de la richesse.
Sur cette base, ceux des entrepreneurs qui vont nous écouter et adhérer à notre concept se retrouveront milliardaires dans au plus cinq ans. Ils n’auront pas besoin de formation pour le devenir. Et en tant que membre de l’interprofession, nous sommes prêts à venir ici parce que ce projet répond à nos aspirations, à nos ambitions, à nos rêves.
En 2018, nous avions sollicité du gouvernement des équipements afin de passer à la transformation du bois. Le gouvernement avait acquis des équipements pour les mettre à la disposition des opérateurs économiques mais nous ne savons pas ce qu’ils sont devenus. Nous vous sollicitons une fois de plus pour que ces équipements soient installés sur ce site afin d’être exploités par le Ciblo. Ce faisant, vous aurez contribué à ce que les menuisiers camerounais jouissent du fruit de leur travail en travaillant sur un projet camerounais. »
Propos recueillis par Bernard Bangda