Ecogreen Afrik, 7 juillet 2022] Le vendredi 8 juillet 2022 à Bertoua, le ministre camerounais des Mines, Gabriel Dodo Ndoké, organise les consultations des populations riveraines impactées par le projet d’exploitation de la petite mine d’or de Mborguéné, localité située dans l’arrondissement de Bétaré-Oya, région de l’Est. L’information est donnée par la Cameroon Mining Company (Caminco), l’entreprise qui va mener ce projet d’exploitation d’or.
Au cours de ces assises, il sera question de recueillir les avis des participants afin que le projet les intègre avant son démarrage. Pour cela, les organisations de la société civile (OSC) et les populations riveraines invitées auront droit à des exposés pourtant d’abord sur le processus de mise en exploitation industrielle du gisement d’or de Mborguéné. Ensuite, l’accent sera mis sur « les retombées du projet pour l’Etat mais surtout pour les populations riveraines ». Caminco SA va avoir l’occasion d’exposer sur les aspects techniques du projet « avec une emphase sur les retombées pour les riverains ».
Selon le programme de cette cérémonie, juste après les exposés, l’on va recueillir les avis des riverains afin de confectionner le procès-verbal de leur consentement préalable. Ce document va contenir, outre leurs attentes, les projets que les populations riveraines aimeraient voir être réalisés au cours en marge de la mise en œuvre de ce projet d’exploitation d’or.
A l’annonce de l’organisation de ces consultations, certains acteurs de la société civile ont réagi. Pour Eric Etoga, chargé du programme industries extractives à Dynamique mondiale des jeunes (DMJ), « la cérémonie de Bertoua est la traduction d’une transparence opaque ». Et pour cause, il révèle que « Caminco détenait un permis d’exploration et menait quand même des activités d’exploitation sans qu’on sache si c’était sur ce permis d’exploration ». Bien plus, l’auteur d’un rapport sur « la fraude environnementale dans le secteur minier » excipe d’une « condamnation de Caminco SA pour réhabilitation » pour émettre des réserves sur « les garanties qu’offre cette société sur le respect désormais de ses obligations environnementales et sociales au regard de la première expérience ».
Quant à Theodore Mbiatso, géologue, « la consultation de la population est l’une des étapes dans le processus d’élaboration d’une convention minière dont la signature est le couronnement d’un long processus. Caminco SA a fait au moins une décennie de recherche. Je trouve donc normal qu’elle évolue vers une exploitation industrielle ». Cependant, M. Mbiatso se demande si « la population a les outils pour comprendre les enjeux d’une exploitation minière ». « Dans les usages, elle doit être informée des contours du projet au moins 30 jours avant la tenue des consultations. Je ne sais pas si ce délai a été respecté pour que les riverains émettent leurs avis en connaissance de cause après avoir elles-mêmes consulté des OSC et autres experts », poursuit le géologue.
Autant de questionnements auxquels Caminco SA devra apporter des réponses le vendredi 8 juillet 2022 à Bertoua.
Pour rappel, la société Caminco SA, a été créée en 2003 par des investisseurs sud-africains et danois, rejoints par la suite par des partenaires chinois. En fin d’année 2021, le Minmidt informait sur une convention minière « en cours de négociation entre l’État du Cameroun et la société Caminco en vue de l’exploitation de l’or de Mborguéné, Bétaré Oya et Garoua Boulaï». Selon ce ministère, cette entreprise détenait jusque-là un permis d’exploration de 1 000 km2 autour de Bétaré Oya.
A propos du gisement de Mborguéné, dans l’arrondissement de Bétaré Oya, grand foyer de production aurifère à l’Est, les services techniques du Minmidt renseignent sur « un potentiel de production de 2 millions de tonnes d’onces d’or ».
Bernard Bangda