[Ecogreen Afrik, 8 juin 2022] Sa position était attendue. Elle n’est pas différente de celles qui ont précédé de la prise de parole du président de Transparency International-Cameroon (TI-C) organisation de la société civile pionnière dans la lutte contre la corruption. « Nous nous joignons à toutes les personnalités qui ont dénoncé cet acte criminel, pour demander la mise sur pied d’une commission d’enquête pluri-acteurs (Etat, société civile, parlementaires etc) afin que les responsabilités soient dégagées », déclarait Me Njoh Manga Bell Henri. C’était au cours de la conférence de presse qu’il tenait à Yaoundé, la capitale du Cameroun, le mardi 7 juin 2022.
Le président de TI-C a mis à profit cette sorie pour interpeller « avec force les entités mises en place par l’état pour lutter contre la corruption à l’instar de la Commission nationale anti-corruption (Conac), l’Agence nationale d’investigation financière (ANIF) et la chambre des comptes afin qu’elles s’engagent pour établir la vérité dans cette affaire qui éclabousse le Cameroun tout entier ». Me Njoh Manga estime que l’organisation qu’il dirige doit « réaffirmer notre engagement dans la lutte contre la corruption » et « enseigner à tous les acteurs concernés les pratiques de bonne gouvernance qui font défaut dans la gestion des ressources naturelles ».
Lire aussi : Scandale Glencore : la position de Transparency International Cameroon bientôt connue
A commencer par la publication des contrats et des licences conclus obtenus dans le secteur. Et pour cause, souligne le président de TI-C, « le Cameroun est engagé dans l’Initiative pour la Transparence dans les Industries Extractives (ITIE) dont l’une des exigences est la publication des contrats et licences ». Si ces exigences avaient été respectées, affirme Me Njoh Manga pour sûr qu’on aurait évité « l’affaire Glencore qui n’est sans doute que la face visible d’un iceberg qui témoigne de l’opacité observée autour des conventions minières ». Le président de TI-C indique qu’« il est indispensable que la bonne gouvernance guide les contrats miniers afin que le sous-sol du Cameroun soit préservé et qu’il profite à l’ensemble des camerounais et non à quelques individus qui usent de leur position pour s’enrichir de manière illicite ».
Pour rappel, le 24 mai 2022, Glencore, le géant minier et de négoce suisse, avait plaidé coupable d’accusations de corruption, y compris le paiement de pots-de-vin d’environ 7 milliards de FCFA pour inciter des responsables de la Société nationale des hydrocarbures (SNH) et de la Société nationale de raffinage (SONARA) à favoriser les opérations de Glencore au Cameroun. Pour Me Njoh Manga Bell Henri, S’ils sont avérés, ces faits, qui démontrent à suffisance l’irresponsabilité et la cupidité de certains hauts responsables camerounais, dont la quête effrénée du gain facile et l’exhibition d’un train de vie dispendieux, se font au détriment du développement du pays et de l’amélioration des conditions de vie des populations ». Ceci, malgré le classement « peu encourageant » du Cameroun dans l’Indice de perception de la corruption de ces trois dernières années et l’amplification du phénomène de corruption « sous le regard impuissant des institutions étatiques en charge de lutter contre cette gangrène ».
Bernard Bangda