En 2022, le Cameroun a connu trois pénuries en six mois dans les grandes villes du pays. Depuis lors, l’on soupçonnait le gouvernement de vouloir céder au Fonds monétaire international (FMI) qui exigeait la réduction des subventions des produits pétroliers (environ 700 milliards de FCFA en 2022, selon le président de la République dans son message de fin d’année le 31 décembre 2022) pour favoriser les investissements plus rentables pour le pays. Depuis le 1er février 2023, l’essence est passée de 630 à 730 francs CFA, le gasoil qui coûtait jusque-là 545 francs CFA passe à 720 francs CFA.
De l’avis des analystes, les transporteurs sont les premières victimes de cette hausse. Ecogreen Afrik a approché le président du Groupement des transporteurs terrestres du Cameroun (GTTC), Ibrahima Yaya, qui livre ses impressions sur la situation et ses impacts sur les activités du secteur.
Monsieur le président, le gouvernement vient d’augmenter les prix du carburant à la pompe. Comment avez-vous accueilli cette augmentation ?
Comme vous pouvez bien le deviner, en ma double qualité de transporteur et syndicaliste, j’ai accueilli cela avec sidération et incompréhension. Ceci parce que, malgré l’évocation de cette éventuelle hausse par le chef de l’Etat lors de son discours de fin d’année à la nation, aucune concertation préalable n’a eu lieu avec les membres du Gouvernement sur ce sujet.
Cette manière peu cavalière de faire les choses est condamnable car source de tension inutiles. Si les leaders syndicaux que nous sommes, n’étions pas dans la démarche d’apaisement et de maintien de la paix sociale, nous aurons assisté à des remous sociaux.
Cette augmentation va certainement impacter les coûts de transport. Votre organisation y a déjà pensé ? Quelles sont vos propositions ?
Vous vous doutez bien que nous sommes restés apathiques devant une décision qui impacte fortement nos activités. En effet, pour être sûr que nous sommes en phase avec notre base, et nos camarades d’autres syndicats de transporteurs, nous avons entrepris une série de concertations en vue de faire des propositions concrètes. Pour l’instant, seule la proposition relative au réajustement du prix du transport des marchandises en interne et en transit à 15% des prix actuellement pratiqué est déjà adoptée. Les autres propositions seront transmises par correspondance au Premier ministre, chef du gouvernement.
La hausse des prix du carburant à la pompe, les tracasseries policières sur les routes. N’est-ce pas un lourd tribut que vous payez sur les routes ?
A ce propos, nous devons être honnêtes. Les tracasseries routières sur nos routes tendent à diminuer. Nous en remercions les responsables de la Douane, de la police et de la Gendarmerie pour ces efforts. Il est aussi vrai, que certaines brebis galeuses, continuent de ternir l’image des forces de défense et de sécurité. Nous n’allons pas cesser de les dénoncer et ceci de manière véhémente.
En Afrique centrale, le Cameroun n’est pas le seul pays à avoir augmenté les prix à la pompe. Vous, transporteurs de ces pays, est-ce que vous vous concertez de sorte que ceux de vos adhérents qui font le transport en transit ne soient pas toujours pénalisés dans leurs budgets?
Comme je vous l’ai dit plus haut, nous avons en accord avec les autres syndicats des transporteurs routiers, réajusté le prix du transport en transit à 15% du prix planché. Cette action vise à contenir une inflation des prix des transports en transit qui était prévu. Des concertations ont également lieu au moment où je vous parle avec nos camarades syndicats des transporteurs Tchadiens et Centrafricains sur les mécanismes conjoints de contrôle du respect de ces prix par les chargeurs et les transporteurs.
Nous, du GTTC, avions toujours continué d’émettre les bons de chargement créent par les organisations syndicales patronales du secteur pour le suivi de l’application du prix.
Nous allons continuer de le faire dans nos locaux pour véritablement permettre de contrôler ces prix. Cela s’appliquera les transporteurs dans leur ensemble qui veulent qu’on applique ces prix mais particulièrement nos membres et partenaires.
Il est important de le savoir aujourd’hui le GTTC s’investit uniquement pour défendre, accompagner les membres à jour vis-à-vis de nos textes statutaires.
Propos recueillis par Bernard Bangda