Le 24 janvier 2022 au cours d’une conférence de presse à Abidjan, la capitale économique de la Côte d’Ivoire, le gouvernement ivoirien et la représentation du système des Nations unies ont annoncé la tenue, du 9 au 20 mai 2022 à Abidjan, de la 15ème Conférence des parties à la convention des Nations Unies sur la lutte contre la désertification (COP15) sur le thème de la « Restauration des sols arides et des forêts dégradées pour une agriculture du futur ». Environ 5000 participants, dont 1 000 experts, de 197 pays sont attendues sur les bords de la lagune Ebrié où ils pourront visiter le site de la COP15 constitué de 100 stands et d’un village écologique.
La Côte d’Ivoire, qui va assurer la présidence de la Convention des Nations Unies sur la lutte contre la désertification et la sécheresse pendant deux ans, sera, le temps de la COP15, le centre névralgique de la diplomatie environnementale mondiale sur les questions de gestion durable des terres. Selon les organisateurs, « cette Convention est le seul accord international contraignant les États sur la gestion durables des terres ».
Selon les scientifiques du système des Nations Unies, c’est dans « un contexte critique » que l’« Initiative d’Abidjan » sera adoptée à la fin des travaux. En effet, selon ces experts, « dans le monde, plus de 2 milliards d’hectares de terres sont dégradés, plus de 70% des écosystèmes naturels de la planète ont été transformés et d’ici à 2050, ce taux pourrait atteindre 90%, 250 millions de personnes sont affectées par la désertification et environ 1 milliard d’individus vivent dans l’un des 100 pays à risques ».
Quatre millions d’hectares de forêt perdus chaque année en Afrique
Selon une étude publiée le 29 septembre 2021, à l’occasion de la Semaine africaine du climat, par l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) et l’Agence de développement de l’Union africaine-(Nepad), l’Afrique perd jusqu’à 4 millions d’hectares de forêt chaque année. La FAO et le Nepad évoquent également la dégradation de 65% des terres productives et la désertification qui touche 45% des terres en Afrique.
Selon une étude menée par www.science.org, une revue scientifique éditée par l’American Association for Advancement of the Science, la Côte d’Ivoire, la Guinée et le Ghana sont des points chauds de la déforestation en Afrique ayant perdu respectivement 71%, 67% et 60% de leurs forêts tropicales humides entre 2000 et 2020.
Pour inverser la tendance, dans son programme « Action contre la désertification », la FAO, qui soutient l’Initiative de la Grande muraille verte, travaille avec les communautés locales, les gouvernements et la société civile pour restaurer les terres dégradées dans plusieurs pays (Burkina Faso, Éthiopie, Gambie, Mali, Mauritanie, Niger, Nigéria, Sénégal et Soudan). C’est ainsi qu’entre 2015 et 2020, 63 000 hectares de terres dégradées ont été plantés, pour amorcer leur restauration, et enrichis de plus de 12 millions de plants et de 120 tonnes de semences forestières provenant de plus de 100 espèces locales d’arbres et de graminées fourragères. Mais, selon le sous-directeur général et représentant régional de la FAO pour l’Afrique, Abebe Haile-Gabriel, « malgré nos efforts, chaque année, davantage de forêts disparaissent, ce qui coûte au continent une perte de 3% de son produit intérieur brut (PIB). Car les paysages forestiers dégradés intensifient les effets du changement climatique et constituent un obstacle à la construction de communautés résilientes et prospères alors que 60% des Africains dépendent de leurs terres et de leurs forêts ».
Bernard Bangda