Bonne nouvelle pour les populations alimentées par le réseau interconnecté sud (RIS). Selon le ministre camerounais de l’Eau et de l’Énergie (Minee), Gaston Eloundou Essomba, « pour atténuer les impacts de la variation de l’hydrologie du fleuve Ntem, le chef de l’État a prescrit l’accélération de la maturation du projet de construction d’un barrage-réservoir sur ce fleuve ». C’est donc un nouveau projet qui sera porté par le fleuve Ntem, dans la région du Sud, sur lequel l’Etat a déjà construit la centrale hydroélectrique de Memve’ele d’une capacité de production de 211 MW.
A l’origine de cette décision jugée « salutaire » par le Minee, l’absence de barrages réservoirs capables de stocker de l’eau pour réguler le débit du fleuve Ntem en période d’étiage comme c’est le cas avec les centrales hydroélectriques de Songloulou et d’Edéa qui bénéficient de l’eau stockée dans les barrages réservoirs du bassin de la Sanaga. La question est d’autant plus d’actualité que le barrage de Memve’ele, pourtant dotée d’équipements capables de produire 211 MW, est incapable de servir de régulateur dans la fourniture de l’énergie électrique au RIS en période de saison sèche. Pourtant, des spécialistes du secteur avaient déjà émis des réserves sur le choix du gouvernement de construire une centrale hydroélectrique de 211 MW sur le fleuve Ntem dont le débit est largement inférieur à celui de la Sanaga.
Conséquence, l’on a observé des chutes de production d’énergie électrique par le barrage de Memve’ele de l’ordre de 60 MW dans le RIS, soit 30% de la seule consommation de la ville de Yaoundé qui culmine à 225 MW lors des heures de pointe. Toujours dans la capitale du Cameroun, alors que, pendant la Coupe d’Afrique des Nations (CAN), en janvier et février 2022, 90 MW étaient disponibles 24h/24, l’on est passé à une puissance de 30 MW seulement entre 18h et 22h et à 0 MW en dehors de ces heures, quelques jours après. Pour le gouvernement, l’idée de la construction d’un barrage-réservoir va venir résoudre ce problème.
Pour rappel, après plusieurs reports, l’achèvement des travaux de construction de la ligne de transport du barrage de Memvé’ele avait été annoncé en mars 2022. Ce délai a été de nouveau reporté à mai 2022 alors qu’au Minee, l’on indique que « la ligne de transport, NDLR) est exécutée à plus de 94% ». C’est la fin de la construction de cette ligne de transport de 300 km (entre Nyabizan, dans le Sud, et Yaoundé, la capitale du Cameroun, ndlr) qui, selon les responsables du Minee, retarde la mise en service, depuis 2017, du barrage de Memve’ele. Le déficit énergétique sous lequel ployait le pays avait poussé le gouvernement à mettre cette centrale sous tension en avril 2019, pour une production maximale de 90 MW. Le projet a coûté au contribuable camerounais près de 450 milliards de FCFA. Selon un rapport de la Banque mondiale, les approximations techniques ont sextuplé les coûts de réalisation en comparaison avec des projets similaires, réalisés dans les pays ayant le même niveau de développement que le Cameroun.
Bernard Bangda