[Ecogreen Afrik, 6 juin 2022] L’industrie mondiale de la mode génère beaucoup de gaz à effet de serre à travers l’énergie qu’elle utilise pour la production, la fabrication et le transport des millions de vêtements achetés chaque année.
Selon www.sustainyourstyle.org, une organisation basée à Berlin et qui réfléchit sur les impacts de la mode durable sur l’environnement, cette industrie est responsable de 10% des émissions mondiales de carbone. « Les fibres synthétiques bon marché émettent également des gaz comme l’hémioxyde d’azote (N2O), un gaz utilisé comme anesthésique en chirurgie et 300 fois plus nocif que le CO2, (lui-même émis à hauteur d’1,2 milliard de tonnes par an, davantage que le C02 émis par les transports maritimes et aériens réunis, ndlr) », précise James Conca, un expert en questions énergétiques et environnementales ayant travaillé pour la revue Forbes.
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Les risques sont autant élevés qu’« entre 1975 et 2018, la production de textiles est passé du simple à plus du double, soit de 6 à 13 kg par an et par personne dans le monde », selon New Scientist, une revue hebdomadaire britannique spécialisée dans la science et la technologie. Dans une édition spéciale datée du 4 juin 2022 et consacrée à l’impact environnemental de l’industrie du textile, cette revue indique qu’« en trente ans, l’industrie de la mode est devenue l’une des plus néfastes pour la planète et consomme 93 000 milliards de litres d’eau chaque année ».
Selon www.jobimpact.fr, un site français qui fait le lien entre l’économie sociale et l’environnement, 4% de l’eau potable disponible dans le monde sont ainsi absorbés par l’industrie de la mode chaque année. La mer d’Aral, un lac salé d’Asie centrale, à cheval sur le Kazakhstan et l’Ouzbékistan, est un exemple visible des conséquences environnementales de l’industrie de la mode. Elle a perdu 75% de sa surface en 50 ans seulement après le détournement de ses affluents pour irriguer des champs de coton, tuant ainsi une grande partie des formes de vie présentes.

Le succès économique que connaît la fast fashion, production en masse de vêtements jetables, a un coût énorme et fait de l’industrie de la mode l’une des plus dommageables pour la planète.
En effet, révèle New Scientist, cette industrie est une grosse consommatrice de ressources, participe au dérèglement climatique, pollue les océans souillés par ses fibres, sans parler des produits chimiques auxquels elle fait appel. Les efforts pour recycler les déchets issus de cette industrie restent trop faibles. En effet, New Scientist estime que « seulement 1 % des déchets textiles dans le monde sont transformés en vêtements ». www.jobimpact.fr note que, chaque année, 500 000 tonnes de microplastiques sont relâchées dans l’océan à cause de l’entretien des vêtements synthétiques, ce qui représente 50 milliards de bouteilles plastiques. Sans compter que, toujours selon le même site web, une benne à vêtements est jetée à la poubelle chaque seconde dans le monde.
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Pour autant, le magazine britannique note « une réelle volonté de faire mieux ». L’on assiste désormais l’adoption par certaines entreprises de techinques de recyclage plus efficaces. Ce qui rassure sur la mise en place d’une économie réellement circulaire. Dans le même temps, d’autres entreprises réfléchissent à des moyens innovants de transformer la filière.
Pour la chercheuse finlandaise spécialisée dans le textile et la mode à l’univsersité Aalto, Kirsi Niinimäki, « le recyclage, la location et la réparation de vêtements, les normes de qualité, la collecte et la revente de vieux habits, la fabrication de nouvelles pièces à partir de vêtements usés sont des initiatives qui laissent espérer l’avènement d’une mode plus durable. »
Bernard Bangda