[Ecogreen Afrik, 6 juin 2022] Le mardi 7 juin 2022 à Yaoundé, la capitale du Cameroun, Transparency International Cameroon (TI-C), la branche camerounaise de cette organisation de lutte contre la corruption basée à Berlin en Allemagne, va s’adresser à la presse. De sources internes, l’on apprend que le président de cette institution, Me Njoh Manga Bell Henri, voudrait donner la position de celle-ci sur l’affaire dite Glencore, le géant minier et du négoce suisse. Désormais aux côtés de l’Union européenne et l’organisation Forêts et Développement rural (Foder) pour la promotion de la gouvernance minière dans les régions de l’Est et de l’Adamaoua (régions dans lesquelles Foder met en œuvre le Projet Mines, Environnement, Santé et Société (ProMeSS) depuis 2015, ndlr), TI-C ne pouvait continuer à se tenir en dehors du débat qui a cours sur le sujet en ce moment au Cameroun.
Surtout qu’à l’annonce de la nouvelle, ancien président et fondateur de TI-C, Me Akere Muna, était parmi les premiers Camerounais à monter au créneau. Il avait exigé de la Commission nationale de lutte anti-corruption (Conac), dont il avait saisi le président, qu’elle se saisisse d’une affaire dans laquelle Glencore avait cité la Société nationale des hydrocarbures (SNH) et la Société nationale de raffinerie (Sonara) comme les principales entités ayant bénéficié de ses « largesses ». Après l’ancien bâtonnier de l’Ordre des avocats du cameroun, certains députés à l’assemblée nationale du Cameroun, notamment Cabral Libih du Parti national pour la rénovation du Cameroun (PCRN) et Joshua Osih, du Social Democratic Front (SDF), exigeaient « une enquête parlementaire afin de faire la lumière sur cette affaire ».

A contre-courant, les dénégations de l’administrateur directeur général de la SNH, Adolphe Moudiki, et des anciens directeurs généraux de la Sonara au moment des faits (2006 à 2014), Charles Metouck, aujourd’hui, embastillé pour des faits de distraction des fonds publics, et Ibrahim Talba Malla, actuel ministre des Marchés publics. Alors que l’on observe une aphonie gouvernementale, TI-C a décidé de se prononcer sur le sujet. On subodore alors que, face à la presse ce mardi 7 juin 2022 à Yaoundé, Me Njoh Manga Bell Henri ne va pas encourager les pratiques dénoncées par la plupart des Camerounais. « Il n’en saurait être autrement quand on sait que TI-C est l’un des précurseurs de la lutte contre la corruption au Cameroun », souffle un fin connaisseur des activités de TI-C. Pour rappel, le 24 mai 2022, les autorités américaines informaient le monde que Glencore avait reconnu devant la justice leur pays avoir versé, pour le cas du Cameroun, un peu plus de 21 millions de dollars, soit 13 milliards de FCFA, à des agents publics via West Africa Intermediary Company, pour mener des transactions avec des sociétés d’Etat ou d’autres dans lesquelles l’Etat avait le monopole. Pas seulement. Outre des bénéfices de plus de 67 millions de dollars soit 41 milliards de FCFA, l’entreprise suisse avait obtenu des contrats pétroliers en évitant des audits gouvernementaux et ainsi obtenu des fonctionnaires corrompus la disparition des dossiers compromettants.
Bernard Bangda